Benoit Labonté, Ph.D.
Professeur adjoint, Département de psychiatrie et de neurosciences, Faculté de Médecine, Université Laval
Chaire de recherche en partenariat - Sentinelle Nord en neurobiologie moléculaire des troubles de l'humeur
Découvertes sur les différences dans le cerveau des hommes et des femmes souffrant de dépression
La recherche du Dr Benoit Labonté vise à comprendre les bases biologiques de la dépression et autres troubles de l’humeur avec un intérêt particulier porté aux différences entre les sexes. Bien que la dépression soit deux fois plus fréquente chez les femmes, la majorité des études précliniques ont été conduites principalement chez les mâles. Les recherches du Dr Labonté ont démontré récemment que les gènes exprimés dans le cerveau d’animaux modèles et d’humains souffrant de dépression étaient très différents chez les deux sexes.
Les recherches du Dr Labonté portent sur des souris modèles de troubles de l’humeur, mais sont également confirmés par l’analyse de d’échantillons humains, provenant de banque de cerveaux et de prises de sang. Ces études ont permis d’identifier des gènes et protéines qui sont spécifiquement activés ou réprimés chez les mâles ou les femelles déprimés. Ces gènes constituent autant de cibles thérapeutiques possible pour traiter cette maladie de façon spécifique.
Enfin, les études du laboratoire Labonté visent également à comprendre les circuits neuronaux impliqués dans la régulation de l’humeur. En combinant différentes approches cellulaires et moléculaires, son équipe peut comprendre la contribution qu’ont certaines populations neuronales dans l’expression de comportements dépressifs.
C’est donc dans l’optique de développer de meilleures approches thérapeutiques mieux ciblées pour traiter les hommes et les femmes que l’équipe du Dr Labonté vise à améliorer notre compréhension des mécanismes moléculaires sous-tendant les troubles de l’humeur.
Dans mon laboratoire, nous identifions les programmes moléculaires dysfonctionnels chez les individus souffrant de troubles de l’humeur en portant un intérêt particulier aux différences hommes/femmes. Une fois identifiés, nous caractérisons le rôle qu’ont ces programmes moléculaires sur la régulation comportementale en utilisant des modèles de stress chez la souris qui reproduisent autant certains aspects comportementaux que plusieurs altérations moléculaires retrouvées chez l’homme et la femme souffrant de troubles de l’humeur. Nous utilisons différentes approches pour identifier et isoler les populations neuronales fonctionnellement impliquées dans la réponse au stress chez le mâle et la femelle. Nous modifions les programmes moléculaires propres à ces populations neuronales et tentons de renverser les conséquences comportementales de différents stress chez le mâle et la femelle. Le tout ayant pour objectif ultime de mieux comprendre le dimorphisme sexuel caractérisant les mécanismes moléculaires responsables de l’expression des troubles de l’humeur et de développer certaines approches thérapeutiques plus ciblées à l’homme ou la femme.
Pour répondre à ces questions, nous mettons de l’avant une approche tranlastionelle multidisciplinaire qui capitalise sur l’analyse la comparaison de tissus humains et animaux (cerveau post-mortem, échantillons sanguins). Les modèles de stress que nous utilisons chez la souris mâle et femelle sont le stress variable chronique, la défaite sociale et l’isolation sociale que nous évaluons grâce à divers tests comportementaux. Nous cartographions les réseaux neuronaux existant entre différentes régions du cerveau grâce à des techniques de traçage par vecteurs viraux que nous utilisons ensuite pour stimuler ces populations (optogénétique, dreadds) et les isoler (FACS, ribotag) afin d'obtenir leur matériel génétique (RNA, DNA, ChIP). Nous utilisons des approches de séquençage genome-wide (RNAseq et ChIPseq) combinées à des analyses bioinformatiques de pointes pour établir les signatures transcriptionelles et épigénétiques propres à certaines populations neuronales chez l’homme et la femme et ainsi les comparer dans nos divers modèles animaux. Nous utilisons également diverses approches virales pour modifier l’expression de certains gènes d’intérêts et déterminer leur contribution comportementale chez le mâle et la femelle suivant différents types de stress.
Actuellement, nos intérêts se concentrent sur:
- Déterminer le connectome du PFC et évaluer la contribution fonctionnelle et comportementale des différentes populations neuronales projetant vers le PFC chez le mâle et la femelle suivant différents types de stress.
- Déterminer l’organisation réseau du profil transcriptionel des différentes populations neuronales projetant vers le PFC et évaluer la contribution comportementale de gènes régulateurs spécifiques à certaines populations neuronales chez le mâle et la femelle suivant différents types de stress.
- Déterminer les signatures épigénétiques sous-jacentes aux modifications de l’organisation des réseaux transcriptionels spécifiques aux différentes populations neuronales projetant vers le PFC suivant différents types de stress chez le mâle et la femelle.
Chaire de recherche Pfizer et Centre de Recherche de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Québec (2016-2021)
Mécanismes moléculaires de la réponse au stress chez l’homme et la femme